Depuis le 1er janvier 2018, les salaires les plus faibles bénéficient d’une augmentation de leur salaire de plus de 100 euros nets par rapport au début de la législature. Cette dernière augmentation se poursuivra en 2019 grâce à une nouvelle enveloppe de 925 millions. La quotité exemptée d’impôts sera ainsi portée pour tous les contribuables à 8400 euros, contre 7190 actuellement. Enfin, 75 autres millions permettront encore en 2019 d’adapter la tranche à 45%.

En 2019, le revenu net des travailleurs, comparé à celui de 2014, aura donc augmenté de 70 à 140 euros nets par mois selon les revenus concernés. Tous les bas et moyens salaires, soit un travailleur belge sur deux, bénéficieront donc d’au moins 100 euros nets par mois en plus en 2019.

Le cadeau vous semble peut-être trop beau pour être vrai. Vous n’avez pourtant pas à vous inquiéter. Cette augmentation salariale résulte d’une adaptation du précompte professionnel, comme vous pouvez le vérifier sur votre fiche de paie. C’est une réduction d’impôts. Il n’y aura donc pas de prélèvement supplémentaire quand vous remplirez votre déclaration fiscale. Ce qui est donné aujourd’hui est définitivement acquis.

Via le site www.montaxshift.be, vous avez pu évaluer votre gain en net sur base de votre salaire brut. Ce montant était une estimation. En effet, l’impact du tax shift peut varier en fonction de votre situation familiale (si vous êtes isolé, si vous avez des enfants à charge…).

Par ailleurs, depuis la mise en place du tax shift, deux franchissement d’index ont eu lieu, ce qui a provoqué une hausse de votre salaire. Les modalités de cette hausse dépendent de la  commission paritaire dont vous faites partie. Ce gain s’ajoute à celui du tax shift.

Le gouvernement fédéral a aussi concédé une marge salariale lors des deux derniers accords interprofessionnels, comme l’ont décidé les partenaires sociaux. Cette hausse a pu également impacter votre salaire à la hausse  en fonction de votre catégories de revenus.

Enfin, des travailleurs bénéficient aussi d’une augmentation barémique, liée par exemple à leur ancienneté, tous les ans ou tous les deux ans. Cette augmentation s’ajoute également au gain du tax shift.

Cette réforme fiscale est notamment financée par la lutte contre la fraude fiscale et une taxation renforcée du capital. Par exemple, le précompte mobilier a augmenté de 25 à 30% et le gouvernement fédéral a mis en place une taxe sur les comptes-titres. Ces mesures sont sans impact sur la grande majorité des ménages.

Le gouvernement fédéral a également souhaité cibler des comportements nocifs pour la santé. Les hausses d’accises visent principalement les alcools fort (2,6 euros la bouteille) et dans une moindre mesure le vin (0,195 euro la bouteille) ou la bière (0,01 euro la bouteille). L’augmentation est plus sensible pour l’alcool. Les accises sur le tabac ont également augmentés (0,32 euro par paquet). Si vous ne buvez pas ou rarement d’alcool fort et si vous êtes non-fumeur, vous ne ressentirez évidemment pas l’impact de ces hausses d’accises.

Le gouvernement fédéral cible également les comportements polluants. Ainsi, il augmente les accises sur le diesel, mais diminue les accises sur l’essence. Ces accises ne sont qu’une partie du prix que vous payez à la pompe. Vu la faiblesse des prix pétroliers (entre juillet 2014 et février 2016 le cours du Brent a baissé de plus de 65 %, passant de 110 à 35 dollars par baril), qui ont diminué de plus de 10 % depuis 2014, le carburant est en fait pour l’instant moins cher. La hausse ou la baisse des accises est étalée progressivement dans le temps jusqu’en 2019. A terme, il sera financièrement plus intéressant de rouler à l’essence.

Enfin, le gouvernement fédéral a ramené la TVA sur l’électricité à 21%, comme c’était le cas jusqu’en 2013. Lors de la diminution de ce taux, le gouvernement s’était engagé à effectuer un monitoring de la mesure et à procéder à une réévaluation au bout d’une période de deux ans. Cet exercice a mis en lumière le fait que la mesure coutait beaucoup plus cher que prévu et qu’elle engendrait des abus importants. Dans ce cadre, une réflexion a été menée sur la nécessité de rétablir le taux à 21%. Cette décision s’inscrit également dans une stratégie d’éco-fiscalité. Notez que l’augmentation de la facture d’électricité suite à l’augmentation de la TVA a été évaluée à environ 8,34 euros par mois (100 euros par an par ménage, c’est donc un montant à diviser en fonction du nombre de personnes qui le composent). Un chiffre à comparer au gain salarial par mois et par personne qu’apporte le tax shift !

En définitive, même si vous êtes fumeur, que vous buvez beaucoup d’alcool et que vous roulez au diesel, votre pouvoir d’achat augmente grâce à la réforme fiscale. Mais il augmentera davantage encore si vous changez vos habitudes de consommation.

Au MR, nous avons toujours plaidé pour le maintien du principe de l’indexation automatique des salaires. Lors de la formation du gouvernement fédéral, il est toutefois apparu qu’un saut d’index unique était indispensable pour restaurer la compétitivité des entreprises face à la concurrence des pays voisins. Ce saut d’index unique a été socialement compensé, via l’enveloppe bien-être pour les allocataires sociaux, et via un budget de 127 millions en faveur des bas salaires. Grâce au bonus à l’emploi social et fiscal, 850 000 travailleurs touchant de faibles rémunérations ont ainsi bénéficié le 1er août 2015 d’une augmentation.

Si le gouvernement n’avait pas pris cette décision et n’avait pas mené de réforme fiscale, votre salaire aurait certes été indexé en 2015 mais… cette augmentation aurait été inférieure à celle que la réforme fiscale a apporté aux bas et moyens salaires dès 2015.

Depuis lors, l’indice pivot a été franchi par deux fois, en 2016 et 2017. Le mécanisme d’indexation automatique des salaires a donc influencé votre salaire à la hausse en plus des effets du tax-shift.